Il y a toujours autant d'attaques, voire d'avantage


"L’estive de l’Isard fait la frontière avec l’Espagne, les ours n’arrêtent pas de tourner derrière les cols, j’ai des vaches au Val d’Aran et c’est pourri d’ours.

 

Il y a 10 ans, il y a eu une grosse attaque, c’était affreux, il y avait des cadavres partout et les vautours s’en sont chargés. Il y a 2 ans, ce sont 17 juments et les poulains qui se sont retrouvés au fond d’un précipice, ils les font se tuer, et on n’en parle pas de ça. L’année dernière, sur mes 750 brebis il m’en a manqué 39 dont 5 reconnues, 15 mortes et celles que l’on n’a jamais retrouvées.

 

A chaque attaque, c’est au moins 4 bêtes qui y passent. Chaque année on est emmerdé, j’ai 4 patous, ils évitent les gros carnages, mais la prédation y est quand même. Quand on dit aux gens que le patou fait parti du programme de réintroduction ils l’ont amer parce qu’ils sont contre les patous. Il y a des accrochages, il y a eu une personne mordu, on n’est pas à l’aise avec tout ça.En ce qui concerne le travail du berger, il ramasse partout, il en fait plus que ce qu’on voudrait mais il reste toujours des bêtes derrière.Les parcs, ce n’est pas réalisable, c’est insupportable de prétendre que l’on se protège avec ça. Elles sont là pour être en liberté pas pour être enfermées. La nuit les bêtes ne sont pas bien. Le fait de ne pas les faire dormir au même endroit, ça évite les risques de piétin et ça permet de mieux répartir le fumier, sinon au niveau potentiel fourrager de la montagne c’est pas bon.

On essaye de s’adapter. Celles d’un collègue qui utilise un parc, ne sont que l’ombre d’elles même, elles ne ressemblent à rien par rapport à avant.

 

Il y a de plus en plus d’ours, par exemple sur le massif en face [il montre la fenêtre de la mairie de Buzan], il y en a au moins un. Il y a eu quelques dégâts l’année dernière, mais rien n’est dit.

 

Rien ne se dit parce qu’on a peur des uns des autres, il n’y a pas forcément une bonne entente, pas beaucoup de confiance, ça ne nous arrange pas. Et ceux qui s’occupent de la gestion des ours le savent que ce n’est pas facile ici au niveau de l’entente.

 

On est moins dynamique que du côté de la Haute Ariège, on serait prêt à faire quelque chose, on est moins soutenu. On ne se sent pas bien aidé par les collègues les 2/5e font ce qu’il faut ou feraient ce qu’il faudrait faire, les autres ont peur.

 

Le comportement des ours n’est pas le même, il y a des coins où ils sont vraiment viandard, ils attaquent plus souvent que d’autres.Il y a pas mal de gens qui reculent, qui montagnent moins facilement. Les Groupement Pastoraux font venir des gens de l’extérieur mais ils ont du mal à les faire venir.

Plus personne n’ose aller à la montagne tôt (mai), le relief y fait aussi, ici, le relief est boisé, on ne le verrait pas, en Haute Ariège c’est plus pelé.


Maintenant on perd 10/15 jours d’estive au printemps et à l’automne, ce qui fait environ un mois. On a du travail en plus avec des périodes d’estive en moins…On n’a même plus envie de rester plus parce qu’on sait qu’on va être emmerdé tous les soirs".


06 juin 2016